ÎLE DUMET


Familière de tous ceux qui observent l’océan depuis les côtes damganaises, elle sert de « baromètre empirique »

« Côtes de Dumet bien découpées, pluie à redouter. Brume sur l’île aux oiseaux, il va faire beau ! »

Située en Mor Braz à 12 kilomètres de Damgan, ce petit territoire dépend de la commune de Piriac mais il est la propriété du Conservatoire de l’Espace Littoral et des Rivages Lacustres. C’est la seule île de la Loire Atlantique!

Il est probable que cette île soit l’ultime vestige d’une terre émergée qui s’effondra avec le bouleversement du massif armoricain, 5000 ans avant notre ère.

 

L’ile Dumet fut habitée dans les temps préhistoriques, puis à l’époque romaine. Elle passa de main en main au cours des siècles. Parmi ses propriétaires : les moines de l’abbaye de Saint Sauveur de Redon qui l’ont échangé contre 72 œillets de marais salants avec le comte Jacques de la Bourdonnais en 1771.

De façon anecdotique en 1829, elle a appartenu à un Monsieur Hervé qui l’aurait loué aux bouchers de la région pour y  mettre des moutons et des bovins à l’engrais.

 En 1845, lors de la construction du Fort, l’état en devint propriétaire mais il l’a vendu en 1889.

Les propriétaires se sont succédé de nouveau et en 1949, l’industriel Henri Dresch, fabriquant des motos, armateur, puis fondateur du complexe hôtelier du domaine de Rochevilaine l’a achetée.  Sur ses terres insulaires, il a fait  réaliser des travaux embarquant du matériel depuis le port de Billiers grâce aux pêcheurs locaux. Des arbres ont été transportés jusqu’à Dumet sur la plate « la Lorraine ». Le père Béliout, un vieux marin piriacais s’est occupé de l’île pour son propriétaire qui y a reçu notamment la chanteuse et actrice Colette Renard. Le conservatoire du Littoral et des rivages lacustres l’a acquis  en 1990.

En 1953, Monsieur et madame Fleury de Valois ont pris possession de la maison des gardes, vestige du fort de Ré. Ils vont y passer trente-trois ans sans électricité, avec peu d’eau douce, le courrier tous les quinze jours quand le temps le permet et une liaison radio deux fois par jour (voir reportage sur le site de l’INA sur leur témoignage de leur 33 années passé là-bas).

Actuellement, l’île n’est plus habitée et constitue un but de promenade pour les plaisanciers, elle est par ailleurs devenue un centre ornithologique.

Constructions

L’occupation de l’île est très ancienne mais des vestiges encore visibles et décrits en 1850ont été détruits par les travaux ultérieurs.

Le fort de Ré : un premier fort  édifié en 1655, a été construit pour recevoir de l’artillerie et dans son enceinte un abri a été édifié pour loger la garnison. Pendant un siècle, l’île Dumet n’a pas eu à participer à de grandes opérations militaires,

elle a conservé son rôle de sentinelle faisant face à des attaques isolées de navires espagnols, hollandais ou anglais en quête de pillage principalement. Au XVIIIe, lors de la guerre de Sept-ans, il est devenu nécessaire de renforcer les défenses de la côte, un grand fort circulaire en maçonnerie dont le soubassement existe encore, a été édifié à l’instigation du duc d’Aiguillon.

 

Le Fort Carré appelé aussi Fort à la Vauban

 En 1845, la commission d’armement a décidé de construire un nouveau fort. Pour réaliser les travaux, l’Etat a fait l’acquisition de l’île. Une nouvelle construction de style défensif est construite. Il pouvait recevoir 60 hommes de garnison et 12 pièces d’artillerie. Le sommet est situé à 11 mètres au-dessus du niveau de la mer. Mais les bateaux se sont modernisés avec l’apparition de la vapeur et en 1888, les fortifications sont déclassées.

Le Phare après bien des naufrages, c’est seulement en 1900 qu’un premier phare a été construit, un deuxième a été édifié en 1950, il a été automatisé en 1987.

 

L’Île a été le témoin d’événements historiques importants : occupation de l’île par des Danois et les Saxons au Ve siècle, puis par les Vikings au VIIIe siècle,  bataille des Cardinaux en 1759, le débarquement du général Georges Cadoudal et de son armée en1799.

Ce lieu mythique suscite de nombreuses énigmes, entre autres celle-ci : est-il le pôle continental des terres émergées ? Cet ilot inspire aussi les poètes, Emile Letertre l’évoque en ces termes :

Langue de terre perdue dans l’océan, masse sombre et lointaine émergeant tout juste de la mer aux heures de brume, joyau scintillant au soleil du matin, tout à coup jaillie de son écrin d’azur ou d’émeraude, l’île évoque parfois curieusement ces mirages qui subjuguent les familiers du désert…”