GUILLAUME APOLLINAIRE


 

La grande exposition que consacre le musée de l’Orangerie à Paris du 6 avril au 18 juillet est pour nous l’occasion de se remémorer que ce grand artiste à séjourné à Kervoyal en 1918.

Poète, écrivain, critique d’art, Guillaume Kostrowitzky s’engage en 1914.

Devenu officier, il est grièvement blessé en 1916. Trépané, inapte à faire campagne, il est détaché au cabinet du ministre des Colonies.

Quelles circonstances le conduisent-elles à Kervoyal aux confins du pays vannetais ?

Pour protéger sa jeune femme des bombardements de la « grosse Bertha », il choisit Kervoyal en Damgan, une petite plage du Morbihan. Son ami Henri Christian lui propose une chambre à la Villa Saint-Charles au prix de 35 francs par mois.

Il part pour la Bretagne le 1er août. Il s’installe à la maison du Toul Menais de madame veuve Robert, il est enchanté malgré la rusticité de l’installation et le concert nocturne de grenouilles des trous d’eaux voisins. Mais sa santé reste précaire et ses finances limitées.

Il faut savoir que Kervoyal proche de la presqu’île guérandaise, qu’il connaît déjà, n’est ni La Baule, ni même Bénodet. Ce n’est qu’une petite plage dans une crique morbihannaise. Un hameau, mal desservi par un train du genre tortillard qu’il faut aller chercher à Ambon, à huit kilomètres. Sur une carte postale du 16 août, envoyée à son ancien secrétaire Jean Mollet (surnommé par dérision le « baron Mollet »), il décrit ainsi l’endroit : « L’arbre ici, c’est le figuier, les animaux sont la vache, la bernique (sic), la moule, la crevette, l’anguille, les canards sauvages.. »

Une lettre à sa marraine, datée du 7 août et postée à Kervoyal, le confirme « Je suis en permission de 21 jours, Je suis au bord de l’océan, ou plutôt nous sommes, puisque je suis auprès de ma femme. J’avais un très grand besoin de repos… »

A Henri Duvernois, il écrit : « Ici nous sommes dans un pays perdu : toujours beau temps… temps du midi, mer et coquillages ! Le revers de la médaille, on manque de pain, l’eau est mauvaise et il y en a peu, le ravitaillement est difficile. Pour le reste, le plus jeune habitant du village a 84 ans et il est encore amoureux racontent ceux qui l’envient. Les femmes sont aussi vieilles pour la plupart mais il y a quelques jeunes femmes. Notre propriétaire madame Robert a 83 ans…… Mais c’est la vie du XVIIIè siècle, le repos absolu. C’est merveilleux….. »

Ce sera le dernier séjour armoricain d’Apollonaire. Rentré à Paris fin août 1918, malgré ce temps de repos à la mer, il n’est pas en très bonne condition physique lorsqu’il reprend ses activités.

Aussi, en octobre, soit deux mois à peine après son retour de

Bretagne, lorsqu’il sévit à Paris une épidémie de grippe infectieuse, qu’on dit espagnole et qui a déjà fait de nombreuses victimes (plus de morts qu’à Verdun), Apollinaire, très exposé, est atteint à son tour. C’est un homme affaibli par les séquelles de sa blessure que la grippe va frapper. Début novembre, il doit s’aliter. Il sent venir sa fin et supplie le médecin

« Sauvez-moi, docteur, je veux vivre. J’ai tant de choses à faire… » Sa femme, désemparée, craignant l’issue fatale, l’assiste de son mieux, ne le quitte plus. Et lui, si robuste naguère, hier encore rempli de mille projets, finit par capituler devant la maladie. Il s’éteint le 9 novembre, deux jours avant l’Armistice. On l’enterra à 38 ans. Son souvenir reste vivant à Kervoyal qui a donné son nom à la promenade qui longe la plage.

Bref rappel concernant son œuvre

Il est considéré comme l’un des poètesfrançais les plus importants du début du XXe siècle, auteur de poèmes tels que Zone, La Chanson du mal-aimé, Mai ou encore, ayant fait l’objet de plusieurs adaptations en chanson au cours du siècle, Le Pont Mirabeau. Son œuvre érotique (dont principalement un roman et de nombreux poèmes) est également passée à la postérité.

Il expérimenta un temps la pratique du calligramme (terme de son invention, quoiqu’il ne soit pas l’inventeur du genre lui-même, désignant des poèmes écrits en forme de dessins et non de forme classique en vers et strophes). Il fut le chantre de nombreuses avant-gardes artistiques de son temps, notamment du cubisme à la gestation duquel il participa, et poète et théoricien de l’Esprit nouveau[], et sans doute un précurseur majeur du surréalisme dont il a forgé le nom.

Exemples de calligrammes